livre

© copyright mediatechnix 2002

Interview : Christian Vaast

Christian Vaast : Les fondamentaux du cyclisme

Pour aider les sportifs à « mieux concevoir leur propre vie sportive », Christian Vaast, cycliste et entraîneur confirmé, nous dévoile dans son livre, les fondamentaux du cyclisme, les neuf thèmes relatifs au cyclisme, au cyclosport et au cyclotourisme. Allant du réglage du vélo… à la diététique, les plus grands noms n’hésitent à pas jeter un coup d’œil dans cette véritable bible du cyclisme. Actuellement entraîneur cycliste , cet ingénieur de formation confie pour la Librairie-du-sport les motivations qui l’ont poussé à se lancer dans l’écriture et revient sur ses débuts avec la petite reine…

- En savoir plus sur le nouveau livre de Christian Vaast [Cliquez ici]
- Lire quelques citations extraite de son livre [Cliquez ici]

L.S
Comment vous est venue votre passion pour le cyclisme ?
C.V.
En fait, je suis né dans un milieu cycliste. Tous mes oncles ont fait du vélo et, enfant, je les regardais avec beaucoup d’admiration car leurs performances étaient loin d’être négligeables. Plusieurs ont été à leur époque champion des Flandres ; j’en ai même un qui est devenu champion de France professionnel en 1948. Le dimanche, dans la maison de mes grands-parents, il y avait toujours un ou deux bouquets. Comme je suis d’origine polonaise par ma mère, régulièrement, mes oncles participaient au tour de Pologne. J’ai donc eu très jeune le goût du cyclisme. Comme je suis naturellement porté vers tout ce qui est technique, j’ai cherché très vite, à développer mes connaissances sur la mécanique du vélo.
J’ai toujours aimé le sport ; j’ai même pratiqué le judo jusqu’à l’obtention de la ceinture noire. Au moment de choisir ma profession, j’ai longtemps hésité entre devenir professeur de sport, ou être ingénieur. J’ai choisi d’être ingénieur et j’ai même poursuivi par une thèse de Docteur Ingénieur. Mais je n’ai jamais occulter ma passion pour le sport. Pour m’améliorer dans le cyclisme, j’ai cherché et recherché comment faire pour devenir toujours plus performant. Ce qui m’a conduit à prendre durant des années toute une série de notes qui m’ont amenées au présent livre.

L.S
Vous avez été coureur cycliste, vous souvenez-vous de votre première compétition ?
C.V.
Oui, absolument ! J’ai commencé les courses à 18 ans, ma mère souhaitait que j’obtienne le bac avant de m’autoriser à pratiquer la compétition. Je venais juste de finir de lire le livre de Jean Bobet, La course en tête, un excellent livre de l’époque. J’y ai vu une démarche logique et scientifique qui me convenait tout à fait. Cette première course a eu lieu à Arras. Jean Bobet expliquait dans son livre comment s’alimenter. Je n’avais probablement pas tout compris, mais j’ai cru suivre à la lettre ses prescriptions. J’avais préparé un bidon avec à l’intérieur un peu de riz. Le riz a gonflé et je n’ai rien pu avaler. J’ai bien sûr été « lâché ». En rentrant, j’étais tellement fatigué que je ne me suis pas lavé avant de me coucher. La nuit, les effets du « Dolpic » ont été tels que j’ai rêvé que je continuai à pédaler en enfer. Je voyais des vélos passer à droite, à gauche, partout. Le parfait cauchemar du cycliste. J’ai refait la même course l’année suivante ; j’ai fait partie des échappées et j’ai finalement terminé dans les dix premiers. J’avais progressé. J’ai toujours été persuadé que l’on n’exploitait pas assez son potentiel et qu’en travaillant intelligemment, on pouvait s’améliorer et devenir meilleur que d’autres naturellement plus doués.
L.S
Quels ont été les moments forts de votre carrière ?
C.V.
Je n’ai pas eu une carrière cycliste exceptionnelle. Mon premier objectif était de réussir mes examens. J’avais toujours peur de la chute, qui m’aurait obligé à « repiquer » une année. Boursier et aîné de cinq enfants, je ne pouvais me le permettre. J’ai eu quelques belles expériences. Je me souviens d’une échappée solitaire pendant plus de 40 km devant le peloton, le motard de gendarmerie ouvrant la route et le speaker annonçant tour après tour « un homme toujours seul en tête… » ; je me souviens aussi de ces moments de préparation avant la compétition, dans le café du village organisateur, où chaque coureur refaisait la course du dimanche précédent expliquant que « si çà s’était passé autrement, il aurait à coup sûr gagné… ». Tout cela dans une forte odeur d’embrocations. Beaucoup d’émotions fortes restent présentes en moi !
L.S
Vous êtes actuellement entraîneur à la Chérizienne, quelle serait la principale recommandation que vous feriez à un cycliste débutant, et à un professionnel ?
C.V.
En général j’attends toujours que le coureur fasse la démarche de venir me voir pour discuter. Nous parlons alors de ses objectifs pour l’année, de son plan d’entraînement et de tout ce qu’il peut faire pour progresser. La première question que je pose est « pourquoi veux-tu faire du vélo ? » ; après je lui demande ce qu’il fera s’il ne devient pas un champion. Les chances sont réellement minces pour qu’un jeune, même doué, passe professionnel. Devenir professionnel, c’est « la cerise sur le gâteau »… une cerise avec un bien gros noyau. J’essaye alors de lui expliquer que le sport cycliste c’est bien plus que« gagner des courses ». C’est bien plus profond ; c’est une véritable école de vie. Dans ce sport merveilleux, il y a la machine qui décuple l’effort humain et toute erreur se paye au prix fort. J’observe toujours comment le jeune coureur regarde son vélo et dans sa façon de « l’admirer », de le « chouchouter »,je vois tout de suite l’intérêt qu’il peut lui porter. Le vélo c’est primordial ; on risque sa vie dessus.
Pour tous les très jeunes qui débutent, il est vivement conseillé de passer par une école de cyclisme. L’essentiel pour eux est de développer la coordination neuro-musculaire. A 12 ans, une grande partie du système cérébral est déjà formé. Chez l’enfant, il faut multiplier les expériences qui permettront de mieux construire les circuits nerveux. Un peu à la manière d’un ordinateur vierge de tout programme, le système nerveux de l’enfant a besoin d’être « initialisé ». Malheureusement, trop souvent, dans les écoles de cyclisme seul compte « la gagne ». La pression est alors très forte. Les jeunes se battent pour devenir des champions et chaque compétition est vue comme une participation à des jeux olympiques. A cet âge là, çà n’a pas de sens. Au jeune cycliste il faut aussi donner une vision « culturelle » du sport cycliste pour mieux le construire. Ainsi il sera armé pour aborder la vie. Il faut aussi le laisser s’amuser. Le sport est d’abord un jeu ; un jeu éducatif.

Suite >>